Le problème avec les chiots (comme avec les chatons), c'est qu'ils ont tendance à tout mettre à la bouche. La moindre chose qui traîne par terre, il faut qu'ils y goûtent. Tant que ça reste comestible, pas de quoi fouetter un chat... mais quand ça ne l'est pas, c'est une tout autre affaire.

Nous sommes actuellement en pleine période de sortie des chenilles processionnaires du pin *. Elles sont reconnaissables à leur couleur (brun orangé et noir), à leurs longs poils et à leur mode de déplacement en file indienne (d'où leur qualificatif de processionnaire). Au printemps − parfois dès la fin de l'hiver, entre janvier et mai −, la colonie quitte son nid établi dans les pins (photo ci-dessous) pour venir s'enfouir dans le sol, afin d'entamer son processus de transformation. C'est au cours de cette période que vous risquez de faire leur rencontre.

Chenilles processionnaires (photo Wikipédia sous licence GFDL par Lamiot)

Rien que de très inoffensif, à première vue... si ce n'est que leurs poils sont extrêmement urticants. Lorsqu'elle se sent menacée, la chenille les libère dans l'air, comme autant de flèches empoisonnées qui viennent se fixer sur l'épiderme de son agresseur. Le danger est réel, tant pour les humains que pour les animaux domestiques se tenant à proximité : lésions cutanées (démangeaisons, œdèmes, nécroses des muqueuses), lésions oculaires, troubles respiratoires, réactions allergiques, etc. Pour ne rien arranger, les poils restent urticants même si les chenilles sont tuées (ne jamais toucher un nid, même vide, sans protections).

Revenons à notre chiot, à la curiosité irrésistible. En allant flairer une procession de chenilles (ou un débris de nid tombé à terre), il risque d'être atteint aux yeux, à la truffe et à la langue : les brûlures seront instantanées et, si elles ne sont pas traitées immédiatement, le plus souvent irréversibles. Je vous laisse imaginer les dégâts potentiels en cas d'ingestion d'une telle chenille, vivante ou morte (risque mortel).

Inooky (portée de Fanouk et Thyron) vient d'en faire l'amère expérience. Malgré la réactivité de ses propriétaires, qui se sont précipités chez le vétérinaire, la langue de la chienne, qui avait doublé de volume, présente des nécroses (zones noires qui ne sont plus vascularisées). En d'autres termes, Inooky risque d'en perdre un bout.

Mise à jour : Un scénario similaire s'est produit le jour de Noël 2015 avec le jeune Lucky (portée d'Houka et Glasko), qui a mis à la bouche un nid tombé à terre...

Soyez donc extrêmement vigilants si vous avez des conifères (pins, cèdres, sapins) dans votre jardin ou s'il s'en trouve à proximité de vos lieux de sortie habituels. Ouvrez grand vos yeux (en l'air, pour repérer les nids ; au sol, pour repérer les processions de chenilles) et tenez-vous à distance de ces saletés de bestioles.

Si jamais votre chiot se met à se gratter le museau et à saliver abondamment :

mettez si possible des gants,

rincez-lui la bouche à l'eau claire (avec un tuyau d'arrosage ou une douchette), gueule vers le bas (afin qu'il n'avale pas davantage de poils urticants) et en prenant soin de ne pas frotter,

donnez-lui si possible à mâchouiller un gant de toilette humidifié,

filez sans plus tarder chez le vétérinaire.

(Voir également la rubrique Attention danger !)

* Tout aussi dangereuses, les chenilles processionnaires du chêne se rencontrent de mai à juillet, notamment en Alsace, Bourgogne, Ile-de-France, Centre, Poitou-Charentes et Midi-Pyrénées, même si leur densité semble moins importante que celle de leur cousine.

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